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Paris, octobre 2013
Paris, Éditions de l’Institut français d’études andines (IFEA), Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2013
Carmen Bernand, ethnologue américaniste, professeur à l’Université de Paris Nanterre, membre de l’Institut universitaire de France.
Maurice Godelier, ethnologue, directeur d’études à l’Ehess.
Georges Lomné, professeur d’histoire américaniste à l’Université de Marne-la-Vallée, ancien directeur de l’IFEA.
Nathan Wachtel, professeur au Collège de France, ethnohistorien américaniste et, tout particulièrement, andiniste.
Ce livre est composé de la plupart des écrits de John Murra publiés entre 1958 et 1973. Curieusement, le texte n’avait jamais été publié en français alors même qu’il constitue une référence absolument majeure dans l’étude des civilisations de l’aire andine.
Nord-Américain d’origine russe après être passé par la France, John Murra a participé à la guerre d’Espagne, en particulier comme traducteur pour le camp des républicains. Il est devenu une figure indispensable de l’anthropologie américaine et s’est fait connaître comme une personnalité d’une grande passion, tourmentée, douée pour l’amitié et l’échange intellectuel.
Il est de ceux qui ont établi en son temps les bases d’une nouvelle discipline : l’ethnohistoire. En ce sens, il sut montrer parmi les tout premiers que pour comprendre le fonctionnement des communautés indigènes, il fallait associer les études historiques (et en particulier les visitas, documents administratifs et descriptifs rédigés peu après la conquête à la demande de l’État espagnol, mais souvent enfouis dans les archives) et une démarche anthropologique de terrain.
Prenant parfois le contrepied des courants intellectuels dominants, il a démontré la dimension impérialiste de l’État inca capable de s’imposer aux diverses communautés andines, aux tribus locales. Le système mis en place était parfaitement centralisé, doté d’une comptabilité publique rigoureuse, mais suffisamment souple pour tenir compte des grandes différences écologiques caractéristiques de la zone andine : l’économie générale du système est donc fondé sur la complémentarité des étages écologiques, parfois relativement rapprochés.
Murra a marqué à travers le monde toute une génération de chercheurs spécialistes de la région. En contribuant à la restructuration de leur enseignement, il a également participé à la formation, à la reconnaissance et au renforcement des sciences sociales et humaines péruviennes.
Nathan Wachtel, Georges Lomné, Maurice Aymard, S. E. Cristina Laboureix, Dominique Fournier, Sophie Fisher, Carmen Bernand
Au cours de la soirée présidée par S. E. Cristina Laboureix, ambassadeur du Pérou en France, les intervenants ont débattu autant des qualités humaines de Murra, que de l’importance de son apport scientifique pour les générations de chercheurs à venir. Il a été rappelé également que, si le choix avait été fait de traduire un ouvrage déjà parfaitement connu de la plupart des andinistes, c’était parce que la méthode ethno-historique qu’il avait proposée dépassait largement le cadre du monde andin. N’était-il pas important que les historiens, même ceux de l’économie, prennent conscience de la nécessité d’une approche ethnographique des faits qu’ils ont à traiter, par delà les grands problèmes de superstructures, de religion, de système de parenté, ... ?
Sans compter d’autre part l’impact qu’avait pu avoir la démarche d’un homme revenu l’un des premiers des diktats des théories trop contraignantes, des visions scientifiques influencées à l’excès par les pressions de toutes sortes exercées par leur temps.