Paris, novembre 2009
Si les Sciences de l’homme françaises ont connu un essor considérable au cours de la seconde partie du XXe siècle, si elles ont acquis une renommée et une influence qui comptent toujours, elles le doivent en particulier à deux savants d’exception,
Fernand Braudel et
Claude Lévi-Strauss.
Maurice Aymard, l’un des grands historiens de la Méditerranée, directeur d’études à l’
EHESS, et administrateur pendant douze ans de la
Maison des sciences de l’homme à la suite de
Fernand Braudel puis de
Clemens Heller, évoque ici les origines et les contours de cette formidable complémentarité intellectuelle et méthodologique toujours marquée par une estime réciproque, mais aussi, parfois, quelque rivalité plus ou moins feutrée (mais peut-être pour cela particulièrement féconde).
S’il fallait une preuve de ce respect, de cette volonté d’entretenir un dialogue avec une personnalité d’exception digne de débattre, et par là-même digne de liens d’affection hors-norme, Maurice Aymard rappelle que Claude Lévi-Strauss accepta de bonne grâce comme un honneur de remettre son épée au nouvel académicien Fernand Braudel.
Bien loin des salons dorés habituels dans de telles circonstances, l’événement eut lieu en 1985 à la Maison des sciences de l’homme, dans le bâtiment créé au 54, boulevard Raspail à Paris par Fernand Braudel, Charles Morazé et Gaston Berger : pouvait-il y avoir choix de lieu plus symbolique quand il s’agissait de témoigner de l’association rituelle de deux pensées d’exception dans un temps et un espace totalement voués à la transmission culturelle et au rapprochement universel des disciplines ?