Vous êtes ici : Accueil » Les rencontres de la Librairie. Radio Librería en direct ! en 2010
Paris, mai 2012
Le département du LILA de l’École normale supérieure accueillera l’écrivain cubain Abilio Estévez dans le cadre d’une journée d’études (en français et en espagnol) consacrée à son œuvre.
C’est une occasion unique de découvrir l’œuvre d’un des écrivains cubains les plus talentueux de sa génération, unanimement saluée par la critique et le monde des lettres. Abilio Estévez, écrivain discret que l’on a peu l’occasion de voir, est notamment l’auteur d’une trilogie envoûtante qui a commencé avec Tuyo es el reino, s’est poursuivie avec Los palacios distantes et s’est achevée avec El navegante dormido (ces ouvrages sont disponibles chez l’éditeur espagnol Tusquets et en traduction française chez Grasset).
Mais c’est aussi et avant tout un dramaturge reconnu, primé à Cuba avant son exil à Barcelone. Un de ses monologues dramatiques sera donné en exclusivité à cette occasion.
La journée se terminera en musique.
Organisation : Audrey Aubou, François Géal, Gersende Camenen, Milagros Ezquerro, Iván Jiménez, Armando Valdes Zamora.
Alors que le calme s’installe avant la tempête, le jeune Jafet, qui rêve de vivre aux États-Unis, prend le large à bord d’un radeau de fortune baptisé Le Mayflower. Impuissante, la petite Valeria assiste au départ de celui qui préfère fuir le régime cubain plutôt que le cyclone, de celui qui deviendra « le navigateur endormi ».
Dans ce vieux bungalow se concentre toute l’histoire du pays : l’esclavage, la guerre contre l’Espagne, la dictature de Batista, l’ouragan révolutionnaire, la tragédie des balseros... Excellent conteur, Estévez fait de ses personnages les symboles de l’histoire et de la culture cubaines, et éclaire le présent à la lumière du passé.
La Havane à la veille du troisième millénaire. Victorio n’a plus d’endroit où vivre, il erre dans la ville épuisée. Une ville triste le jour et dangereuse la nuit, aux mains de la police et du commerce du sexe, corrompus l’un comme l’autre.
Puis il rencontre Salma, une jeune prostituée, et tous deux vont trouver refuge dans les ruines d’un ancien théâtre construit par une aristocrate russe, pour un improbable amant. Dans ce lieu de féerie, un personnage excentrique et mystérieux les accueille, Don Fuco. Il va les initier à l’art du déguisement, au comique et, ensemble, ils vont convoquer les esprits des plus grandes étoiles de ce siècle, de Nijinski à la Callas.
La poésie, la danse, le mime, la fiction, une mise en scène parodique de la beauté sont la voie d’accès aux palais lointains d’une ville inatteignable - où ceux qui ne cherchent qu’un endroit pour vivre, pour se reposer et qui se moquent de politique, de liberté, de patriotisme ne seraient plus confrontés à la tragique réalité.
Palais lointains : un adieu à La Havane ? A cette ville agonisante qui sera peut-être, un jour, balayée par une gigantesque tempête et ne survivra que par l’imaginaire.
Abilio Estévez confirme son talent d’écrivain : musicalité, sonorité, rythmes, un souffle poétique sans pareil. Il reste fidèle à son univers, évoquant la déliquescence, la claustrophobie, la nostalgie propre à son île.
Au coeur même de La Havane, une vaste étendue clôturée, foisonnant de manguiers, d’anones, de saules, d’hibiscus, de palmiers : l’île. Au milieu des arbres, des statues mythologiques et, dissimulée dans un coin, la Vierge de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba.
Le domaine était partagé entre l’impénétrable Au-delà et l’En deçà, vaste labyrinthe de maisons reliées par de si nombreux îlots et patios que leurs habitants parvenaient à s’y perdre, ignorant, au reste, la proximité de la mer. Des personnages hétéroclites : un vieux professeur passionné de poésie anglaise ; des gens charriés par des vagues de misère et de déveine ; une Cassandre appelée Comtesse-aux-pieds-nus ; Casta Diva, la cantatrice qui fignolait ses vocalises dans le cabinet de toilettes ; dona Juana, la nonagénaire jour et nuit sur son lit, un chapelet entre les doigts...
Tous, sous la chaleur étouffante, attendent la pluie, la fin du monde, la mort. Le jeune inconnu blessé, enveloppé dans le drapeau cubain, une plaie sanglante au cou, était-il un envoyé de la Providence, un ange de l’Apocalypse, ou le Christ en personne ?
Le 31 décembre 1958, date désormais historique, dona Juana a tendu la main et renversé la bougie près du lit, allumant l’incendie qui s’empara de l’île. En cet instant précis, le président Batista prenait la fuite et s’envolait vers la République de Santo Domingo...