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>>« Mientras tanto » de Diego Lerman



Depuis 2002 et son premier film Tan de repente, on attendait avec impatience la suite de l’oeuvre de Diego Lerman. Mientras tanto nous arrive enfin aujourd’hui, travail totalement différent de celui qui fut tourné en noir et blanc et qui avait des allures de road movie.




Dans Mientras Tanto, qui signifie « Pendant ce temps », plusieurs personnages se croisent, ou pas, à Buenos Aires. Ces femmes et ces hommes n’ont pas le même âge, ils appartiennent à des classes sociales différentes, mais ils sont tous à un moment de leur vie où ils doivent faire un choix ; c’est ce moment qui relie, en filigrane, les histoires entre elles.

Opter pour une narration multiple, multiplier les acteurs et les points de vue, tout ceci constitue une gageure qui risque d’entraîner l’ensemble dans l’anecdote et rendre les personnages peu attachants car désincarnés. C’est un peu ce qu’il advient à Mientras tanto où l’on ressent assez vite quelque ennui à passer d’un personnage à un autre. Cela provoque un relatif agacement qui finit par se transformer en légère indifférence. Cette impression ambiguë tenant peut-être aussi au fait que Tan de repente fonctionnait sur des registres tout à fait opposés, on doit reconnaître sa surprise à retrouver le cinéaste dans un style plus fade, plus plat.

Cependant, force est de constater que quelque chose de particulier opère après coup.
L’ensemble du récit dégage une telle impression de tristesse qu’aucun des personnages ne semble être à même de savoir sourire !
Citons par exemple cette scène pathétique où Eva (Valeria Bertuccelli), Violeta (Maria Merlino) et Dalmiro (Sergio Boris) se retrouvent dans un bar devant un cocktail, sans qu’aucun d’entre eux ne paraisse y trouver un quelconque plaisir. Citons encore le manque total de sensualité lors de la première rencontre sexuelle entre Eva et Dalmiro.




Cette tristesse est bien plus que passagère, elle colle totalement aux personnages ; un homme et une femme qui se rencontrent est un acte triste, concevoir un enfant un acte impossible... En fait ce que Diego Lerman décrit, c’est le manque de désir d’une société qui semble totalement anesthésiée et qui peine à retrouver l’Elan.
Diego Lerman réussit finalement à rendre palpable ce sentiment négatif en se lançant dans la désincarnation de ses propres personnages. Il le narre d’autant mieux qu’il introduit dans cette panoplie de caractères un personnage vraiment hétérogène, el Mono (Claudio Quinteros). À l’opposé de tous les autres, c’est le seul qui désire. Ou semble désirer.
Homme frustre et violent, il ne se contente pas de déclencher, il rend possible la réalisation du désir enfoui des autres. C’est ainsi par exemple qu’il vendra son sperme à un couple stérile, ce qui lui permettra à lui de partir en Europe.

Le charme de ce deuxième film est certainement moins immédiat et plus insidieux que celui de Tan de repente. Il est en un mot moins marquant. On doit cependant reconnaître à Diego Lerman qu’il a évité de choisir la voie de la facilité.
Un tel parcours ne manquant pas de séduire, on reste curieux de savoir ce qu’il va bien pouvoir avoir envie de raconter... par la suite...


Lola de Sucre

Retrouvez Mientras tanto au cinéma Le Latina




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