Sarajevo, juin 2007
Francis Bueb vient d’organiser, pour la huitième fois, les Rencontres européennes du livre, qui ont eu lieu à la Dom Policije, et oui, dans la Maison de la Police de Sarajevo. C’est, en effet, le seul bâtiment capable d’accueillir un tel événement, avec sa librairie, ses cabines de traduction, ses salles de conférence et surtout son restaurant ouvert à tous, les soirs de rencontre. L’on y croise la ville et ses différentes mondanités : le général serbe
Jovan Divjak, héros du siège et auteur de
« Sarajevo, mon amour » (entretiens avec
Florence La Bruyère, publié aux éditions Buchet-Chastel en 2004),
Nino, grand blessé de guerre à 9 ans par une grenade, réfugié en France et qui, de retour à la fin du conflit, dit son espoir aujourd’hui de repartir ; il y aussi des diplomates, des écrivains, des artistes, des fonctionnaires européens, Madame la Maire de Sarajevo,
Semira Boravac, musulmane, qui souhaite que « Sarajevo devienne la Jérusalem européenne ». Le show-biz ne manque pas non plus à l’appel en la personne de
Guillaume Depardieu, digne représentant de l’artiste engagé à la française, compatissant, rebelle, etc...
Le petit théâtre prend place orchestré avec élégance et tact par
Jean-Marie Laclavetine assisté de
Maëtte Chantrel, qui, l’espace d’un moment, a quitté le Grand large de Saint-Malo, pour animer les rencontres.
Habitués de rencontres comme celle qui a eu lieu une semaine plus tôt à la Villa Gillet à Lyon, les prestigieux invités font semblant de banaliser l’événement. Par respect ? Par pudeur ?, on veut y croire : Sarajevo est une ville comme une autre, même si, dans la salle, l’œil est sans cesse attiré par les blessures du public, blessures physiques certes, mais aussi par les regards, les silences que l’on voudrait casser. Mais, en dépit des pansements, des chantiers, Sarajevo est toujours une ville blessée.
Né sous les bombes, le
Centre André Malraux donne, depuis, tout son sens au mot politique par son action dans la cité. Le fondateur du Centre,
Francis Bueb, est bien loin de l’image d’un agitateur culturel malgré les apparences. Il est surtout, avant tout et sans le dire, le formateur des jeunes élites de la ville qui passent par le Centre sans jamais vraiment le quitter.
Bueb a subi volontairement les 1390 jours de siège sans être bosniaque. Au-delà d’une Légion d’honneur, il est aimé et respecté des Sarajéviens.
Alexandre de Nunez
Francis Bueb
Des liens à parcourir :
Retrouvez le programme sur le site Internet du
Centre André Malraux de Sarajevo
voici quelques informations sur le
Siège de Sarajevo
le site du
MEET La Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire
celui du festival
Etonnants Voyageurs à Saint-Malo
l’émission de France Culture,
Travaux Publics par Jean Lebrun
Musique de Bojan Zulfikarpasic, Yopla ! Bojan Z quartet