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>>Bernard Lavallé, Bartolomé de Las Casas : entre l’épée et la croix, éd. Payot

Paris. Novembre 2007


Professeur de civilisation hispano-américaine à l’université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III, Bernard Lavallé se consacre à l’étude des effets de la colonisation sur les sociétés d’Amérique latine. Auteur de L’Amérique espagnole : de Colomb à Bolivar (1995), il a dirigé un passionnant travail collectif sur Les autorités indigènes entre deux mondes (2004) et a rencontré un vif succès avec la première biographie française de Pizarro publiée aux éditions Payot (2004).




Hérault de la lutte pour les droits de l’homme et défenseur incontournable de la cause des Indiens d’Amérique latine, Bartolomé de Las Casas (1484 ?-1566) reste largement connu du grand public par-delà les frontières du monde ibérique.

À Saint-Domingue et à Cuba, où ce jeune Sévillan débute comme colon avant de devenir prêtre, les conditions terribles de travail forcé des indigènes éveillent peu à peu sa conscience. Nommé « protecteur universel » des Indiens par le futur empereur Charles Quint, le tout nouveau moine dominicain s’engage alors dans une bataille d’un demi-siècle, marquée par quelques cuisants échecs et par de multiples voyages entre les deux continents, d’Espagne au Nicaragua, au Guatemala et au Mexique. Si la mise en pratique de ses idées de colonisation et d’évangélisation pacifiques, exprimées dans des traités d’une force exceptionnelle, se révèle décevante du fait de son intransigeance, la controverse de Valladolid (1550) confère, grâce à lui, aux Amérindiens tous les droits attachés à leur humanité.

La ténacité et le dévouement qui marquent l’engagement de Las Casas en ont fait un mythe qui a volontiers poussé ses biographes vers l’hagiographie. Attentif aux dynamiques et aux mentalités de l’époque, Bernard Lavallé rappelle combien cet utopiste appartient à un Nouveau Monde d’avant la conquête des grands empires. Il s’attache surtout à prendre le pouls d’une Espagne où font rage des luttes de pouvoir et d’une jeune Amérique où s’épuise le modèle de colonisation en vigueur et qui se construit dans la douleur.




Le site des Éditions Payot & Rivages.




Grande figure de la Conquête espagnole à l’instar de Cortés, Francisco Pizarro (1478 ? - 1541) est entré dans l’Histoire tardivement, à presque cinquante ans, lorsque, avec ses frères, il découvre le Pérou et ses fabuleuses richesses.



Fils bâtard d’un hidalgo ayant épousé la carrière des armes et d’une servante, Pizarro grandit en Estrémadure dans un environnement misérable et demeura analphabète toute sa vie. À vingt-quatre ans, trépidant et ambitieux, il se laisse tenter par les mirages de ce Nouveau Monde découvert quelque dix ans plus tôt. Après vingt ans passés à bourlinguer sur les marges de la vaste Amérique, la Fortune lui sourit : il commande sa propre expédition à destination du mythique Pérou. À trois reprises, il conduira ses hommes avec une volonté d’acier, sans faiblir, et la quête durera des années.

Lorsque enfin cet Eldorado tant rêvé devient réalité, Pizarro, en quelques mois, soumet dans le sang et dans l’horreur l’Empire inca et fonde Lima. Traitant directement avec Charles Quint, le bâtard est fait marquis et se retrouve à la tête d’un territoire immense qu’il domine sans partage avec ses quatre frères. Les rivalités et les haines auront cependant raison de son astre sans précédent. Moins de dix ans après avoir posé le pied au Pérou, Pizarro meurt assassiné par les partisans de son associé, Diego de Almagro.

Aucun ouvrage français n’avait encore paru à ce jour sur cet aventurier hors du commun, héros picaresque et tragique, témoin d’un âge d’or des conquistadors qui devait s’éteindre à sa mort, devant l’interventionnisme de plus en plus pesant de la Couronne d’Espagne dans ses colonies.



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